La Chanson [reboot]

« Depuis l’invention du microsillon de gomme-laque, les chansons durent en moyenne trois minutes. »

Le personnage principal de La Chanson est une ville de Seine-et-Marne, qui se trouve à côté de chez mes parents. J’ai essayé de trouver la métaphore la plus pertinente pour parler de cet endroit. Cette ville réelle est devenue le lieu d’une fiction.  J’ai inventé une histoire. J’ai créé des personnages. Je leur ai donné des noms et une existence. La Chanson est une fable.  Elle en a la naïveté et la cruauté.  

Pourquoi remonter La Chanson aujourd’hui ? Ce spectacle semble venir d’un autre monde, d’un monde dans lequel les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements, et où les enjeux climatiques peinaient à se populariser.  

 A l’époque, les membres d’Abba semblaient fâchés pour la vie et avaient déclaré « ne jamais se reformer ».  Aujourd’hui, en 2021, Abba annonce son retour sur Tik tok et c’est dans un contexte de fin du monde que leurs hologrammes se chargeront de la tournée.  

 En 2011, moi aussi, j’étais différente. J’étais au début d’un long cheminement d’émancipation artistique et féministe. Quand j’ai écrit  La Chanson, il y avait sur ma table de chevet  Premiers matériaux pour une théorie de la jeune fille  du Comité invisible.   

Barbara, Pauline et Jessica ont grandi dans un univers « prêt-à-vivre ». Tout y est digéré, normé : leur journée, leur rôle, leurs émotions. Divertissement et consommation constituent la devise de leur empire.  L’invention des personnages de Barbara, Pauline et Jessica vient de cette culture anarchiste de la Jeune fille comme un agent et un produit de consommation. 

Lorsque j’ai écrit  La Chanson, je me tenais sur un pont suspendu entre deux rives. D’un côté, on trouvait la séduction de Disney, la science du récit et de  l’entertainment, la nostalgie carton-pâte de l’enfance pour toujours. L’envie était grande d’intégrer cette hégémonie culturelle comme matrice originelle.  

 Sur l’autre rive, on trouvait la révolution anarchiste, le monde de la déconstruction et de l’expérimentation artistique.  Ce que ces deux rives avaient en commun, c’était leur propagande.  

 Nourrie d’un passage par le cinéma en 2018,  La Chanson  revient. Enrichi de nouvelles collaborations artistiques,  La Chanson  redémarre pour interroger : à l’heure de nos nouveaux modes de consommation culturels, la jeune fille est-elle réellement sortie de son aliénation ?  

 Puisque  La Chanson  parle d’imitation et de copie, il fallait impérativement que la chanson devienne  La Chanson [reboot]

Tiphaine Raffier 

© crédit photo : Simon Gosselin / Loewen photographie

Texte et mise en scène  Tiphaine Raffier 

 

Avec Jeanne Bonenfant, Candice Bouchet, Clémentine Billy

 

Assistantes à la mise en scène  Clémentine Billy et Joséphine Supe 

Scénographie et lumières  Hervé Cherblanc 

Vidéo Pierre Martin Oriol 

Musique  Guillaume Bachelé 

Son  Martin Hennart 

Costumes  Caroline Tavernier 

Chorégraphie  Johanne Saunier 

Directeur technique  Olivier Floury 

Régie vidéo et lumières  Lucie Decherf 

Régie son Jehanne Cretin-Maitenaz 


Production  La femme coupée en deux 

Coproduction  Théâtre de Lorient CDN, Le Préau CDN de Normandie – Vire, Théâtre Sorano – Toulouse 

 

Durée 1H20

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